L'histoire des sourds au XXe siècle selon Bertrand Leclair

Dans son livre Malentendus, Bertrand Leclair raconte la difficile histoire des sourds au XXe siècle 


Le livre Malentendus s’appuie sur l'histoire des sourds. Plus particulièrement sur l’interdiction qui a frappé la langue des signes au long du XXe siècle. À l’origine de cette répression : le congrès de Milan, en 1880, réunissant les plus éminents « experts », qui a prôné la méthode orale avec force exercices orthophoniques et prothèses douloureuses, et excommunié la langue des signes. Cette histoire, Bertrand Leclair l’incarne à travers un personnage de fiction, Julien Laporte, représentatif de ce que nombre d’individus ont subi dans la réalité. Le roman étant scindé en deux parties, la première s’attache à montrer, alors que Julien est enfant, comment la révélation de sa surdité agit comme un coup de tonnerre sur ses parents, Yves et Marie-Claude Laporte, couple jusqu’ici sans histoires, appartenant à la bourgeoisie de la petite entreprise, lui, ancien résistant et à la tête d’une imprimerie, elle, soumise et sur son quant-à-soi.

Le drame de Julien, c’est que son père refuse sa surdité, se réfugiant avec frénésie dans la croyance, qui devient un terrorisme, que son fils pourra juguler son handicap. Il épouse les théories de son nouveau maître à penser, Edward Graham Bell, inventeur du téléphone, mais également champion de « l’éradication de la surdité ». Pour Julien, cette situation signifie souffrances, négation de soi et isolement, dont il ne peut sortir qu’en fuyant de chez lui sans (presque) plus donner de nouvelles. Dans la seconde partie, on assiste au retour de Julien vers la maison familiale, une fois ses parents décédés sans qu’il ait jamais voulu les revoir, même sa mère, qu’il aimait pourtant. « C’est l’une des choses les plus troublantes dans la manière dont Julien raconte son histoire : pour être viscérale, sa haine aura été rétrospective ; elle n’a commencé à se réaliser qu’une fois parti de la maison, une fois entré dans la communauté des sourds, quand ces derniers ne pouvaient que la nourrir de reconnaître dans ce père un archétype d’ennemi. » Mais Malentendus (superbe titre !) ne se réduit pas à ce seul fil narratif. Comme dans tous ses livres, Bertrand Leclair s’y implique non seulement par les rythmes et les sonorités de sa langue, flux sophistiqué et simple à la fois, en mouvement permanent et jamais flottant. Mais, comme on dirait au cinéma, il entre dans le cadre, devenant lui-même personnage, auteur en prise avec son récit et son objet. Or, ici, la part autobiographique est déterminante et révélée tôt dans le livre : Bertrand Leclair est aussi père d’une fille sourde.

Source :  http://www.politis.fr/Signes-de-comprehension,20555.html

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