Pascal Smith, le patron sourd au franc-parler

Sourd, Pascal Smith est à la tête de Clips et LSF Formation, deux sociétés spécialisées dans l’interprétariat et la formation à la langue des signes. Pionnier dans cette activité en métropole au début des années 2000, il a monté sa première entreprise à la Réunion en 2004. Un secteur appelé à se développer avec l’obligation qui sera faite aux entreprises à partir du 1er janvier 2015 de rendre accessible leurs services aux personnes handicapées. Après un parcours semé d’embûches, Pascal Smith n’a pas peur de signer ce qu’il pense, qu’il s’agisse de critiquer l’Agefiph, l’assistanat, ou bien de dévoiler son ambition de devenir un jour président du Medef.

 

1) Vous êtes aujourd’hui à la tête de deux entreprises. Parlez-nous de votre activité.

J’ai créé la société Clips en 2009 et LSF Formation en 2010. La holdging GroupAFIS regroupe depuis janvier ces deux filiales. Clips emploie quatre salarié et réalise un chiffre d’affaires de 250 000 à 300 000 euros par an. Elle propose un service d’interprétariat pour les particuliers sourds, 7 jours sur 7, 24 heures sur 24. Nous pouvons nous rendre disponibles immédiatement pour une urgence à l’hôpital par exemple. Nous avons 45 clients. Bien que l’activité marche, le cumul de 80 000 euros d’impayés nous a conduit à un plan de sauvegarde en mars 2012.

 

2) Qu’en est-il de votre deuxième société, LSF ?

LSF embauche 2 salariés et trois vacataires et réalise 100 000 à 200 000 euros de chiffre d’affaires annuel. Elle est spécialisée dans l’enseignement en langue des signes pour l’amélioration de l’accueil dans les entreprises et les administrations. Par exemple, nous avons avons formé des caissières de Carrefour en 2012 et allons faire de même avec des commerciaux d’Orange dès septembre. D’autres associations locales proposent ce service, mais avec une qualité inférieure. Certains nous reprochent d’être plus chers mais c’est normal, une Dacia ne coûte pas le même prix qu’une Mercedes !

 

4) Vos activités sont-elles secouées par la crise ?

La crise n’a pas d’impact sur Clips car les clients sourds ont toujours besoin de nos services. C’est différent pour LSF, parce que les entreprises et les administrations restreignent à tort leur budget de formation. Mais la crise économique, c’est comme une mer agitée. Le bateau doit s’adapter. Au capitaine de faire face et d’adapter sa stratégie.

 

5) Devenir chef d’entreprise tout en étant sourd-muet a-t-il été aisé ?

J’ai rencontré beaucoup d’obstacles dans mon parcours, mais moins parce que je suis sourd qu’à cause des réticences des personnes non-sourdes. Je suis humain, j’ai des potentialités et des compétences. Mais la société n’est pas prête. Dès l’école, je voulais devenir chef d’entreprise. Mais les enseignants me disaient tous que je ne pourrais pas parce que j’étais sourd. Je ne l’ai pas cru et me suis lancé le défi.

 

6) Quel a été votre parcours ?

Après l’école de la Ressource, j’ai obtenu un CAP de plombier dans une école spécialisée à Chambéry. Mais ce n’était pas ma vocation. Je voulais devenir professeur ou formateur. En 1980, la langue des signes  a été instaurée dans le système éducatif. J’ai donc pu devenir enseignant auprès des enfants sourds en métropole. Je leur apprenais l’histoire-géographie et la LSF. N’ayant jamais suivi de scolarité au collège ni au lycée, j’avais passé un diplôme d’accès aux études universitaires (DAEU) qui m’avait permis de décrocher une licence d’histoire. J’ai enseigné pendant 25 ans en tant que salarié d’associations.

 

7) Comment avez-vous fait le saut du salariat à la création d’entreprise ?

À partir de 2000, après les phases de militantisme et de formation, j’ai voulu m’affirmer par l’économie. C’est le même processus d’évolution que pour les autres « minorités », qu’ils s’agisse des femmes ou des homosexuels, par exemple. J’ai donc créé mon entreprise spécialisée dans la langue sourde à Toulouse. J’ai été un pionnier en métropole. L’aventure a duré de 2000 à 2003. Elle s’est terminée par un dépôt de bilan. Mais je ne l’ai pas vécu comme un échec. Je suis allé suivre la formation de l’École de Management de Lyon pour apprendre le métier de chef d’entreprise.

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